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ACOUPHÈNE

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QU’EST-CE QU’UN ACOUPHÈNE ?

 

Sensation sonore perçue en dehors de toute stimulation acoustique extérieure. Autrement dit, c’est un bruit perçu dans les voies auditives qui peut s’apparenter à de multiples images acoustiques telles que des bourdonnements, des sifflements, des tintements, des grésillements, des crépitements et plusieurs autres bruits plus ou moins complexes. Lorsque les sensations auditives perçues ne sont pas dépourvues de sens, en d’autres termes, lorsqu’elles s’identifient à une mélodie ou à des paroles, il s’agit probablement d’hallucinations auditives. Dans ces cas, une évaluation psychiatrique est généralement recommandée. L’acouphène peut être entendu de façon intermittente, pulsatile avec ou sans rythme, modulée en intensité ou en tonalité ou de façon continuelle, dans l’une ou l’autre oreille, dans les deux oreilles, ou au centre de la tête. Certaines personnes n’entendent qu’un bruit, d’autres en entendent plusieurs. L’acouphène et ses traitements datent d’avant l’ère chrétienne. Paradoxalement, malgré les recherches, le phénomène de l’acouphène et ses traitements demeurent encore énigmatiques de nos jours, et ce, tant pour ceux qui en souffrent que pour ceux qui s’y intéressent.

Prévalence

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Selon une enquête sociale et de santé récemment publiée1, dans laquelle trois questions étaient posées à un échantillonnage de Québécois âgés de15 ans et plus, 12,9% des Québécois (ou 752 000 personnes) déclarent avoir un acouphène. De plus, les données permettent d’estimer que 1,3% de la population est très dérangée par la présence d’un acouphène. Dans ces cas, l’acouphène peut perturber l’en-dormissement, le sommeil, la concentration, la mémoire, l’écoute, la communication, l’humeur, les relations interpersonnelles, bref, la qualité de vie. De plus, les résultats de cette enquête indiquent que la prévalence de l’acouphène et le degré de dérangement qu’il provoque augmentent avec l’âge. Comme le soulignent les auteurs, cette relation est sans doute sous-estimée, puisque les personnes du groupe d’âge de 65 à 74 ans vivant dans un établissement – susceptibles d’avoir une santé plus précaire – n’ont pas été incluses dans l’étude. Les résultats de la même étude indiquent que plus de 40% des personnes déclarant présenter un acouphène disent avoir déjà consulté un professionnel de la santé à ce propos. Parmi les professionnels probablement consultés se trouveraient des omnipraticiens, des audiologistes et des otorhinolaryngologistes. Paradoxalement, l’enquête révèle que «le quart des personnes qui ont des acouphènes permanents ou qui ont des acouphènes qui les dérangent beaucoup n’ont jamais consulté un professionnel de la santé». Ce résultat est attribué à «un manque de sensibilisation à ce problème de santé et à une méconnaissance des services de réadaptation disponibles, autant chez les professionnels de la santé que dans l’ensemble de la population (1)». Les résultats de l’enquête, bien qu’ils reposent sur les réponses à un questionnaire autoadministré, sont très intéressants, puisqu’ils concordent avec l’estimation de la prévalence de l’acouphène signalée dans d’autres études antérieures. En effet, plusieurs études indiquent qu’environ 17% de la population générale a un acouphène, alors qu’il semble qu’environ 33% des personnes âgées de plus de 65 ans présentent un acouphène. Enfin, on estime qu’entre 25 et 33% des personnes souffrant d’un acouphène en seraient gravement affectées.​(...)

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Approche cognitivocomportementale et relaxation

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Cette approche fait appel à une combinaison de stratégies cognitives et informatives en vue d’aider le patient à mieux comprendre les voies auditives et l’acouphène. Elle vise à promouvoir de saines habitudes de vie par l’entremise de techniques permettant de reconnaître  et d’apprivoiser les agents stresseurs. L’acouphène peut être  utilisé comme «thermomètre intérieur». Cette approche mise aussi sur des techniques de relaxation, sur des techniques de diversion, sur la participation à des activités de groupe ou individuelles valorisantes et plaisantes, ainsi que sur des questionnaires d’autoévaluation. Elle permet au patient de prendre conscience  que l’acouphène n’est pas responsable de toutes les difficultés qu’il vit et de départager l’acouphène de la surdité et des autres problèmes personnels. Elle entraîne une diminution de l’anxiété et un changement de perception de l’acouphène tout en éliminant les fausses croyances qui y sont rattachées. Cette approche, comme celle de la THA, est l’une des plus appréciées. Elle est offerte par des psychologues et des audiologistes. La rétroaction biologique (biofeedback) se sert  de capteurs musculaires ou thermiques et les associe souvent avec des techniques de relaxation afin d’entraîner le patient à mieux contrôler ses états physiques. L’idée principale de la rétroaction biologique appliquée à l’acouphène se résume ainsi : l’acouphène peut être réduit si l’on apprend à contrôler les tensions corporelles. Les résultats de plusieurs études privilégient l’association de la rétroaction biologique et des techniques de relaxation. Certains auteurs indiquent que la majorité de leurs patients deviennent moins négatifs envers l’acouphène et qu’ils le perçoivent à un niveau sonore considérablement diminué. Cependant, tout en étant prometteurs, les traitements par rétroaction biologique présentés dans les études sont principalement jumelés à des techniques de relaxation. Dans ces contextes, la rétroaction biologique pourrait simplement être considérée comme une autre façon d’entraîner à la détente. En effet, en perfectionnant la capacité de relaxation, on amenuise le dérangement que provoque l’acouphène, surtout si le stress est un facteur exacerbant reconnu pour le patient.

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SOURCE

1. Paré L, Levasseur M. Problèmes auditifs et problèmes visuels :  enquête sociale et  de santé 1998 . Institut de la statistique du Québec, 2000: 297-305.

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Le Médecin du Québec, vol. 36, numéro 10, octobre 2001

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