Les pervers narcissiques : les reconnaître, s’en protéger… et se reconstruire
- Action NeurOptimum
- il y a 6 jours
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On entend de plus en plus parler de “pervers narcissiques” sur les réseaux sociaux, dans les médias, dans nos discussions de tous les jours. Le terme est souvent utilisé dès que quelqu’un est égoïste, centré sur lui-même ou blessant. Le problème, c’est que cela peut créer deux pièges :
banaliser des formes de violence psychologique très réelles,
ou, au contraire, coller trop vite cette étiquette sur quelqu’un sans bien comprendre ce que cela recouvre.
Pourtant, certaines relations suivent un schéma très particulier : au début, tout semble parfait, presque trop beau pour être vrai… puis, progressivement, l’emprise, les critiques, la manipulation et la dévalorisation s’installent; sortir de ce type de relation devient extrêmement difficile.
Ce blogue a un objectif clair :
t’aider à mieux comprendre ce que recouvre l’expression “pervers narcissique” ;
repérer certains signes d’une relation émotionnellement destructrice ;
savoir quoi faire lorsque tu es pris dans une telle dynamique ;
te donner des pistes de reconstruction, que tu aies été victime ou que tu te reconnaisses dans certains comportements.
“Pervers narcissique” : de quoi parle-t-on exactement ?
Dans le langage courant, on parle de “pervers narcissique” pour décrire une personne qui semble :
centrée sur elle-même,
utilisée les autres comme des outils,
manquer d’empathie,
un contrôle destructeur sur le plan émotionnel.
Sur le plan clinique, le terme précis utilisé est plutôt trouble de la personnalité narcissique (ou traits narcissiques pathologiques). Il s’agit d’un trouble de la personnalité caractérisé, entre autres, par :
un besoin excessif d’admiration,
un sentiment de supériorité,
un manque d’empathie,
une tendance à exploiter les autres pour préserver une image idéalisée de soi.(Wikipédia+1)
Cela ne signifie pas que toutes les personnes narcissiques sont “perverses” au sens d’abusives ou malveillantes. Certaines cumulent traits narcissiques, manipulation, absence de remise en question et comportements de domination, ce qui crée des relations extrêmement toxiques.
Points clés à retenir
Le terme “pervers narcissique” est populaire, mais la notion clinique est celle de trouble de la personnalité narcissique.
Il s’agit d’un mode de fonctionnement durable de la personnalité, pas d’un simple “mauvais jour”.
Toutes les personnes narcissiques ne sont pas violentes, mais certaines utilisent l’autre de manière systématiquement destructrice.
Les mécanismes typiques d’une relation avec un pervers narcissique
Les spécialistes décrivent souvent une dynamique en plusieurs phases dans les relations d’abus narcissique : idéalisation, dévalorisation, puis rejet (avec parfois des tentatives de retour).
1. La phase d’idéalisation
Au début, tout semble parfait. La personne peut :
te couvrir de compliments,
dire qu’elle n’a jamais rencontré quelqu’un comme toi,
te mettre sur un piédestal,
vouloir s’engager très vite (projets de couple, cohabitation, etc.).
On parle parfois de “love bombing” : un bombardement d’amour et d’attention qui crée une dépendance et désarme les défenses de l’autre.
2. La phase de dévalorisation
Une fois le lien installé, le ton change progressivement :
critiques répétées, parfois déguisées en humour,
remarques humiliantes ou méprisantes,
commentaires sur tes capacités, ton physique, tes proches,
remise en question de ta mémoire ou de ta perception des faits (“tu inventes”, “tu dramatises”, “tu te souviens mal”).
C’est là qu’intervient souvent le gaslighting : une forme de manipulation où l’on te fait douter de ton propre jugement, de ta mémoire ou même de ta santé mentale.
3. Contrôle et emprise
Peu à peu, la personne peut chercher à :
décider avec qui tu passes du temps,
critiquer ton entourage pour t’isoler,
contrôler tes activités, ton emploi du temps, ta façon de t’habiller,
te faire sentir coupable dès que tu poses des limites.
Le résultat, c’est un sentiment de perte de repères : tu marches sur des œufs, tu as peur de déclencher une crise, tu ne sais plus ce qui est “normal” ou pas.
4. Rejet, puis éventuel “retour”
Lorsque la relation n’apporte plus suffisamment d’admiration ou de contrôle, la personne peut :
te rejeter brutalement,
te remplacer très vite,
minimiser la relation, voire la nier.
Parfois, elle revient ensuite avec des messages du genre : “Je me rends compte que tu étais la seule personne qui me comprenait”, ce qui relance le cycle.
Points clés à retenir
La relation suit souvent un cycle : idéalisation - dévalorisation - contrôle - rejet / retour.
Le “love bombing” et le gaslighting sont des signaux importants d’alarme.
Plus la relation dure, plus il devient difficile de faire confiance à sa propre perception.
👉 Pour en savoir plus :
Love bombing : https://en.wikipedia.org/wiki/Love_bombing (en anglais) Wikipédia+1
Gaslighting : https://steppingstonessociety.ca/what-is-gaslighting-understanding-manipulation-and-abuse/ (en anglais) Stepping Stones Crisis Society+1
Des exemples concrets du quotidien
Beaucoup de personnes qui ont vécu ce type de relation décrivent des situations qui, prises séparément, pourraient sembler “banales”, mais qui, répétées, deviennent destructrices :
Tu exprimes que quelque chose t’a blessé, on te répond :“Tu es trop sensible, tu exagères, personne d’autre ne réagirait comme ça.”
Tu surprends un mensonge évident, on te retourne la situation :“Si tu me faisais confiance, tu n’aurais pas besoin de vérifier.”
Devant les autres, la personne est charmante, souriante, admirée. En privé, elle est froide, méprisante ou insultante.
Tu te sens progressivement isolé·e, parce que tes amis ou ta famille sont critiqués, jugés ou tournés en ridicule.
Quand tu parles de ce que tu vis, tu as l’impression de ne plus trouver les mots, ou de minimiser la situation toi-même.
Points clés à retenir
La violence psychologique est souvent subtile, diffuse et cumulative.
Le contraste entre l’image extérieure (personne charmante) et l’intimité (humiliation, mépris, silence punitif) est très fréquent.
Le doute (“Est-ce que c’est moi le problème ?”) est l’un des effets recherchés, pas un signe que tu es “fou/folle”.
👉 Pour en savoir plus :
Article sur les signes d’abus narcissique :https://corinefiorenti.com/troubles-de-la-personnalite/25-signes-abus-narcissique/ Corine Fiorenti Psy Versailles
Pourquoi est-ce si difficile de partir ?
Vu de l’extérieur, on pourrait se dire : “Il ou elle n’a qu’à le quitter.”En réalité, c’est beaucoup plus complexe.
Plusieurs facteurs se combinent :
L’attachement aux bons moments : le cerveau se souvient de la phase d’idéalisation et espère y retourner.
L’érosion de l’estime de soi : à force de critiques et de gaslighting, tu peux finir par croire que tu exagères ou que tu mérites ce qui t’arrive.
La honte : “Comment j’ai pu en arriver là ?” freine la demande d’aide.
La peur : peur des représailles, des menaces, des réactions si tu pars.
La dépendance matérielle ou familiale : logement, enfants, finances, statut.
Certaines études montrent que l’abus narcissique prolongé peut laisser des traces proches d’un état de stress chronique :
anxiété,
symptômes dépressifs,
hypervigilance (être constamment en alerte),
difficultés de concentration,
perte de confiance en soi
Points clés à retenir
Si tu n’arrives pas à partir, ce n’est pas un manque de volonté, mais le résultat d’une dynamique d’emprise.
L’abus narcissique peut avoir de réelles conséquences sur la santé mentale et le fonctionnement du cerveau.
Le soutien extérieur est souvent indispensable pour sortir de cette spirale.
Comment se protéger concrètement ?
Il n’existe pas de recette magique, mais plusieurs axes d’action peuvent vraiment aider.
1. Mettre des mots sur ce que tu vis
Reconnaître que tu es dans une relation abusive est une étape difficile, mais essentielle. Plutôt que de te demander : “Est-ce que c’est vraiment un pervers narcissique ?”, tu peux te demander :
Est-ce que je me sens respecté·e dans cette relation ?
Est-ce que je peux exprimer mes limites sans être pun i·e ou humilié·e ?
Est-ce que je me sens libre ou constamment en train de me justifier ?
2. Arrêter de vouloir “sauver” l’autre
Tu ne peux pas, seul·e :
réparer l’enfance de quelqu’un,
combler un vide intérieur que l’autre refuse de reconnaître,
changer une personnalité qui n’a aucune volonté de se remettre en question.
3. Poser des limites claires
Des exemples de limites :
“Je ne tolère plus les insultes ni les humiliations.”
“Si tu hausses le ton, je mets fin à la conversation.”
“Je ne veux plus que tu parles de moi de cette façon devant les autres.”
Dans certains cas, la seule limite réellement protectrice est la prise de distance, voire la rupture du contact.
4. Chercher du soutien
Parler à des proches, à un professionnel de la santé mentale ou à des ressources spécialisées en violence psychologique permet de :
valider que ce que tu vis est sérieux,
élaborer un plan de sortie sécuritaire (émotionnel, matériel, juridique au besoin),
ne plus rester seul·e avec la culpabilité et la honte.
Corine Fiorenti Psy Versailles+1
Points clés à retenir
Tu n’es pas responsable des comportements abusifs de l’autre.
Mettre des limites et demander de l’aide ne signifie pas “trahir” l’autre, mais te protéger.
Dans de nombreux cas, l’accompagnement professionnel est un allié précieux.
Et si tu te reconnais toi-même dans certains traits ?
Certaines personnes lisent sur le narcissisme et se surprennent à penser : “Est-ce que je fais ça, moi aussi ? Est-ce que je manipule, est-ce que j’ai besoin de contrôler, est-ce que je manque d’empathie ?”
Le simple fait de te poser ces questions est déjà un signe important :
tu as une capacité d’introspection,
tu es capable de te remettre en question,
tu n’es pas indifférent à l’impact que tu as sur les autres.
Si tu te reconnais dans certains comportements (besoin constant d’admiration, difficulté à accepter la critique, tendance à rabaisser les autres pour te sentir mieux), il est possible d’en parler avec un professionnel. Certaines approches psychothérapeutiques visent justement à :
mieux comprendre l’origine de ces mécanismes,
développer davantage d’empathie,
apprendre des façons plus saines de gérer les émotions et les relations.
Points clés à retenir
Se reconnaître dans certains traits n’équivaut pas à se condamner.
La personnalité se construit, mais elle peut aussi évoluer avec un travail soutenu.
Demander de l’aide n’est pas un aveu de faiblesse, mais un signe de responsabilité envers soi et les autres.
En conclusion
Le mot “pervers narcissique” est parfois utilisé à outrance, mais la souffrance liée à une relation réellement abusive est, elle, bien réelle. Tu as le droit :
de reconnaître que ce que tu vis est inacceptable,
de te protéger et de poser des limites,
de demander de l’aide,
de choisir des relations qui soutiennent ta santé mentale plutôt que de la détruire.
On ne se reconstruit pas en un claquement de doigts après une telle relation. Mais chaque prise de conscience, chaque limite, chaque geste de douceur envers toi-même est un pas vers plus de liberté intérieure. Ton cerveau, ton cœur et ta vie méritent des relations basées sur le respect, la réciprocité et la sécurité.
Action NeurOptimum, pour rendre l’impossible… POSSIBLE!
📍 Boucherville, Québec
